Cours Gérald Hubert: "Pratiquants avancés, préparez un spectacle de qualité semi-pro!"

Des cours de théâtre avancés avec Gérald (et un cours débutants avec David)

Gérald a fondé son cours de théâtre il y a 35 ans (ces lignes sont écrites en 2025). Son but était de permettre à des amateurs de suivre un cursus de théâtre conséquent. Il avait en tête des personnes qui, durant leur enfance ou leur adolescence, auraient voulu devenir actrice ou acteur mais qui n’ont pas sauté le pas. Il me dit que dans ses cours avancés il a de nombreuses personnes passionnées par le théâtre, qui ne peuvent vivre sans.

Les cours « avancés » et « intermédiaires » sont ouverts aux personnes qui ont fait au moins une année de théâtre. Des stages-rencontres gratuits en tout petits groupes, d’une durée de quatre heures, début septembre, permettent aux personnes intéressées de découvrir la méthode de Gérald et de voir si la rencontre peut se faire. Ce sont donc presque des auditions. Le cours débutants, sans pré-requis, est lui assuré par David, un collègue de Gérald.

La taille des groupes est raisonnable pour un cours amateurs, douze personnes maximum. Les âges sont variés, une majorité de 20-35 ans mais des personnes dans leur cinquantaine, leur soixantaine… Il y a parfois de jeunes adultes qui envisagent de rejoindre une école pro et veulent commencer par une pratique sérieuse dans un cours amateurs.

Un entraînement de l’acteur à la manière de Stanislavski et de l’Actors studio, avec des feedbacks précis

Gérald fait beaucoup de retours, bienveillants certes, mais des retours qu’il faut être prêt à recevoir. Le but est que les élèves progressent, et améliorent leur jeu, avec en ligne de mire les représentations.

Sa pédagogie est explicitement inspirée de la méthode Stanislavski et de l’Actors studio. Le but de cet article n’est pas de présenter en détail ces méthodes. Mais un exemple souvent donné pour illustrer la méthode de l’Actors studio est que la comédienne peut rechercher dans son vécu personnel des expériences proches de la situation que vit son personnage pour nourrir son jeu. Par exemple si son personnage ressent de la honte, elle peut chercher en elle un moment où elle a personnellement ressenti de la honte. Mais Gérald me dit que Stanislavki a aussi ses limites, cela peut vite devenir trop cérébral, du fait même que l’on cherche à appliquer une méthode.

Il s’est formé à la méthode de l’Actors studio auprès d’Edgardo Lusi et a également fait l’école de théâtre Jacques Lecoq, qui est une école très reconnue, notamment en ce qui concerne le jeu corporel. En effet le théâtre ce n’est pas seulement dire un texte, ce sont aussi des corps qui ont une présence sur scène. Le but final de sa pédagogie est de renforcer l’incarnation du personnage pour aller au-delà du seul texte. C’est dans cette incarnation que la créativité du comédien va s’exprimer.

Comme dans la plupart des cours de théâtre amateurs, le début d’année est consacré aux exercices techniques, avec beaucoup d’exercices d’improvisation, dirigée notamment, avant que l’on ne se consacre au travail de la pièce de fin d’année.

Le théâtre c’est aussi un art, ce n’est pas que de la technique.

Gérald parle aussi un peu de théorie théâtrale dans ses cours, en évoquant Brook, Mnouchkine, en recommandant la lecture d’articles aux élèves. Parmi les acteurs actuels qui l’inspirent il me cite Philippe Torreton ou Gérard Desarthe. D’autres disciplines des arts de la scène peuvent aussi être convoquées (le clown, la danse…)

Un rôle important pour chacun.e dans la pièce de fin d’année

Le problème des spectacles de fin d’année est qu’en général, le groupe compte de dix à douze élèves. Or il n’existe pas de pièce avec dix rôles importants. La solution de Gérald est simple. Chaque rôle est travaillé par deux élèves et on joue la pièce quatre ou six fois (dans les cours avancés et intermédiaires; deux fois seulement chez les débutants). Cela veut dire que chaque élève va pouvoir jouer un rôle important deux à trois fois. On parle de double distribution. Toute de suite le panel des pièces jouables s’élargit considérablement. C’est effectivement une solution très satisfaisante. Cela demande juste aux élèves d’inviter un public suffisamment nombreux aux représentations car on a quatre à six soirées à « remplir ».

Les pièces jouées sont en général modernes, deuxième moitié du 20ème / 21ème siècles. Gérald propose en général trois pièces et le groupe vote pour choisir la pièce. Cela peut être des pièces dramatiques aussi bien que comiques: Incendies de Wajdi Mouawad, La réunification des deux Corées de Joël Pommerat, Le repas des fauves de Vahé Katcha, Je veux voir Mioussov, Un air de famille, Colombe d’Anouilh. Une des seules contraintes est qu’il faut que la pièce ait cinq ou six rôles importants. Un air de famille est un bon exemple: trois rôles de femmes, trois rôles d’hommes, tout à fait équilibrés.

Comme disait Michel Bouquet, le spectateur ne vient pas voir jouer des acteurs, il joue avec eux. Voilà pourquoi il ne faut pas donner aux spectateurs une interprétation trop univoque, il faut une interprétation suffisamment large pour qu’un maximum de spectateurs puisse se projeter sur les personnages.

Gérald me le dit clairement: « je ne veux pas que la pièce soit ennuyeuse pour le public, Peter Brook disait «Le diable c’est l’ennui»« . Donc exit les pièces barbantes (ce qui ne veut pas dire exit le théâtre contemporain, à preuve Incendies de Mouawad). Et en fin d’année la troupe fait un bilan du spectacle, ce qui a marché, ce qui a moins marché, ce que chacun a aimé ou non.

Gérald ayant aussi sa propre compagnie de théâtre, avec un scénographe attitré, il a aussi accès à de nombreux décors et costumes (il a travaillé avec Ariane Mnouchkine qui est reconnue pour l’utilisation des décors dans ses spectacles). C’est un plus non négligeable pour assurer la qualité des spectacles car souvent les pièces amateurs n’ont pas de vrais décors, au mieux des accessoires, quelques tables et chaises. Il peut aussi utiliser la vidéo dans les pièces, quand c’est opportun. Ces aspects de scénographie sont très intéressants pour les élèves, au-delà du texte et du jeu.